Partagé, naturel et pédagogique

A community garden : I had a dream, yes we can, let it be and just do it !

Le projet du Bizardin, c’est celui des AJOnc

Si vous avez lu les rubriques « le Bizardin est un JOnc » et « envie de jardin, histoire du Bizardin », vous aurez compris que nous nous référons aux textes fondateurs de l’association pour inventer localement la vie du jardin. Cela ne nous fait pas de mal d’y retourner de temps à autres pour voir d’où l’on vient, faire le point et surtout chercher ensemble où l’on va ! Nous explicitons ici 3 moments et textes clé : la charte des AJOnc (1998) ; le projet éducatif des AJOnc (2007) ; les conclusions du BOVTO (2017).

Mais la grille de lecture du projet du jardin, simple à retenir et à manipuler c’est : « partagé » (une aventure humaine collective), « naturel » (une action écologique réfléchie), « pédagogique » (une envie de transmettre et d’inventer). C’est avec ces critères déclinables durablement que nous regardons positivement, passionnément et patiemment la vie du jardin et l’évolution du projet du Bizardin.

Il en aura fallu de l’amitié et un peu de folie…


La charte des jardins communautaires (1998) :

Au moment de la création du jardin des (re)trouvailles, à Lille-Moulins, les premiers habitants-jardiniers de l’association ont pris le temps de poser ensemble les fondamentaux pour leur jardin, et intuitivement pour les projets de jardins suivants qui n’ont pas tardé à naître. Simultanément il a fallu écrire les statuts et la charte de fonctionnement du premier jardin communautaire français (en référence aux community gardens de New York).

Cette charte ne parle pas encore de jardin partagé mais de « jardins communautaires ouverts et néanmoins clôturés ».

Elle définit le cadre : elle met au cœur du projet l’implication des habitants dans un environnement citadin et une envie de nature en ville par la reconquête de « friches urbaines sans usage spécifique ». Elle allie lien social et nature et vise une pérennité de ces espaces nouveaux à investir par et pour les habitants.

Communautaire ? parce que l’ensemble des décisions concernant le jardin est pris collectivement (consensus) et parce que l’organisation des actions se fait ensemble.

Ouvert ? Parce que l’accueil au jardin et au sein du projet doit être large et simple. Tolérant et solidaire.

néanmoins Clôturés ? L’idée est le respect du travail des jardiniers et de cette nature qui s’installe progressivement, principale locataire du lieu.

Elle pose le rôle du « jardinier » comme responsable du jardin, accueillant du public, pédagogue pour les visiteurs, cogestionnaire du lieu.

Puis 3 principes pour la vie du groupe et les interventions au  jardin : convivialité, haute qualité environnementale et éducation. Qui ne tarderont pas à se transformer en « partagé, naturel et pédagogique ».

BIZ – Charte des AJOnc


Projet éducatif de l’association et réseau (2007) :

Avec l’accueil de plus en plus important des enfants dans les jardins lillois de l’association, en particulier au « Jardin sans noN » (ancien nom du Bizardin), la présence apprenti-jardiniers déclenche une réflexion sur le volet éducatif des jardin : accueil et transmission. Même si le projet éducatif des AJOnc a été écrit d’abord dans un contexte de recherches de financements d’activités pour les enfants, il s’adresse à tous, petits, grands, familles, groupes,…

Le document finalisé en 2007 décline 3 objectifs qui sont en fait la formalisation d’une démarche existante et tacitement partagée.

Au sein des JOnc, nous souhaitons permettre aux jardiniers de :

  1. Découvrir et comprendre le monde du vivant et sa biodiversité
  • cycles, biotopes, faune, flore, approche sensorielle
  • utilisation et transformation

      2. Sensibiliser à des pratiques respectueuses de l’environnement

  • le jardinage au naturel (techniques, observation, associations)
  • l’économie de matières, la récupération
  • l’écoconstruction

      3. Apprendre à vivre ensemble, apprendre à construire ensemble

  • gestion des groupes : participation volontaire, prises de parole et de décisions, accueil de tous, engagement souple, épanouissement, partage, jeu
  • méthode de projet, projets collectifs, expérimentation technique, partage de savoirs

Dans le prolongement du volet éducatif, une deuxième question traverse l’association à cette période (2006). Un premier jardin communautaire à Lille a été installé en 1997, puis d’autres sites sont venu s’ajouter dans les quartiers lillois, 10 étaient prévus au départ. Au bout de 10 ans d’activité, les fondateurs sentent que le besoin de jardins partagés s’accentue dans la Métropole, voire dans le département puis dans le Pas-de-Calais. Des opportunités se présentent. La question de l’essaimage du concept est grandissante : le projet éducatif s’adresse à un public qui dépasse les jardins  existants !

L’essaimage  – la contagiosité du projet ? – devient un axe fort en 2007 et la dimension réseau départemental puis régionale est votée en AG. L’association se réorganise pour permettre à l’expertise de l’équipe en matière d’implantation de jardins partagés de profiter à d’autres secteurs de plus en plus loin. L’impact de ce développement au niveau des jardins « historiques » et « autonomes » est sensible : l’accompagnement par l’équipe salariée devient plus « thématique » et technique, les salariés, plus nombreux, n’ont plus vraiment de jardins à suivre mais des projets transversaux à animer.

Le Bizardin a eu la chance d’avoir à domicile un « club nature et écocitoyenneté » avec Emilie Delahousse (de 2007 à 2011) et la venue des enfants des écoles avoisinantes en NAP avec Hélène Ninove (nouvelles activités pédagogiques dans le cadre de l’école de 4 jours, de 2013 à 2017), ce qui a permis de fixer une « référence ».

Le projet éducatif des AJOnc transparait bien dans ces actions pédagogiques évidentes, mais dans la vie de notre groupe aussi, dans la manière de concevoir l’accueil et le jardin. Les actions pédagogiques se multiplient d’ailleurs et ont un impact positif : une culture commune s’installe et beaucoup d’enfants identifient les jardins comme des lieux de découvertes, d’obsrevation et de jeu. Nous mesurons dans nos « AG de jardin » et autres concertation de fin d’année une qualité de l’accueil du groupe et un souci de la biodiversité grandissants.

Les envies de jardin, de notre fait ou non, sont croissantes à Lille : cela fait un petit moment qu’on n’est plus seuls !


Le BOVTO (automne 2016 – hiver 2017) :

Invitation à « la prise bulbe »* :

Fin juin 2016, le jardin s’apprête à entrer dans un été tranquille après une belle année scolaire sans surprises. Après avoir été planté et aménagé les années précédentes, le jardin est maintenant « installé », le groupe est solidaire, l’organisation tourne, les questions sont toujours un peu les mêmes. Une perte de sens ? Que reste-t-il à construire ? La limite d’un fonctionnement rôdé : une dynamique de projet en berne ?

Arrière-Saison n’étant plus vraiment un moment dédié aux artistes depuis une paire d’années, il est décidé de consacrer l’édition 2016 au lancement d’un séminaire « Bizardin Où Va-T-On ? », à la manière de ceux de l’association : « AJOnc où va-t-on ? ».

* »La prise de bulbe » est une expression imagée pour parler de réflexion intense, trouvaille de Jérôme Ségard un des premiers salariés de l’association, poète à ses heures. C’est devenu une rubrique récurrente de l’Echo des Brouettes.

En septembre a lieu ce rendez-vous festif un peu particulier où des temps de réflexion cohabitent avec des ateliers ludiques et créatifs. La projection d’un film documentaire sur les jardins dans le Nord (Pierre Guyot de la chaine WEO) décrit les différents type de jardins, et le Bizardin est sensé illustrer la case jardin partagé. Le groupe ne se retrouve qu’à moitié ou n’a pas envie de se retrouver dans ce portrait clivant : qui sommes-nous ? Une belle journée un peu humide, où sont lancés notre nouveau site internet, la page facebook du jardin et l’idée d’une rencontre autour du projet du jardin. Le BOVTO commence, et le séminaire aura lieu le 5 février 2016.

En amont de cette rencontre, 3 questionnaires-sondages sont lancés au moment des voeux du jardin : le premier à destination des bizardiniers et sympathisants connus ; le deuxième auprès des voisins et amis du quartier ; le troisième à destination des partenaires du moment et les structures proches du quartier ; sur Fives et sur Hellemmes.

Invitation – Bizardin où va-t-on

– / – / –

Le retour des sondages (75) :

Les membres et sympathisants du jardin donnent leur avis (21) :

Un jardin AJOnc ? La relation du Bizardin aux AJOnc est basée sur un donnant-donnant : les AJOnc nous soutiennent techniquement et financièrement, nous participons au mieux à la vie du réseau, aux propositions et sollicitations de l’association. Il y a un intérêt certain des Bizardiniers pour les autres jardins du réseau (fêtes, rencontres). Un support de l’interjardin très apprécié : l’Echo des Brouettes.

Un jardin partagé « rime » avec convivialité, c’est important pour les Bizardiniers, même plus que militer pour la biodiversité parfois. Le groupe a besoin d’organiser un accueil au jardin plus identifié et plus régulier, ainsi qu’une communication plus efficace dans le quartier. Pour mieux accueillir les amis et voisins une signalétique, de nouveaux temps forts et des toilettes sèches seraient nécessaires. Pour que chacun s’y retrouve et puisse s’impliquer efficacement, il faudrait une liste des choses à faire sur place.

Un jardin naturel mériterait qu’on ait un meilleur suivi des tâches en fonction des saisons ainsi qu’une meilleure connaissance des gestes adéquats pour le jardinage et de la biodiversité existante au Bizardin. Formation, échanges de savoirs, souci de transmission, observations et expérimentations, chantiers collectifs et écoconstructions pourraient faire l’objet d’un suivi plus fin. Quels outils pour cela ?

Un jardin pédagogique doit pouvoir répondre aux sollicitations extérieures s’il veut remplir sa mission et doit s’intéresser à son environnement proche pour un meilleur accueil des groupes. Des outils sont nécessaires : un cahier de suivi des chantiers, des panneaux pédagogiques lisibles dans le jardin. Il faut aussi que chacun puisse s’exprimer et partager ses talents et compétences. Force est de constater que la musique et les pratiques douces sont parfaites pour le jardin.

BOVTO – Questionnaire Bizardiniers – Réponses

Les partenaires donnent leur avis (15) :

Les partenaires « historiques » et locaux qui sont déjà passés au Bizardin ne sont plus à convaincre sur le potentiel « naturel et onirique » du lieu (concert, spectacle, repas, expositions, installations…). Ils connaissent bien l’association et le jardin et ont bien identifié les spécificités du projet et sa dimension environnementale. Le jardin gagnerait à se faire connaître plus largement, en communiquant mieux et plus sur les temps forts et les activités naturalistes. Des toilettes sèches pourraient être un plus pour l’accueil des groupes, ainsi qu’un « manuel-guide » du Bizardin pour pouvoir y passer de manière autonome. Le jardin est intétessant pour tous les publics. Le site internet n’est pas assez connu, visité : problème de contenus ?

BOVTO – Questionnaire Partenaires – Réponses

Les voisins donnent leur avis (39) :

Localement, le jardin est bien identifié par ceux qui le connaissent, surtout si un premier passage a été fait. La porte d’entrée c’est surtout les fêtes, les enfants et les visites impromptues avec des connaissances. Le premier pas n’est pas facile à faire, beaucoup passe régulièrement devant le portail  fermé sans savoir de quoi il s’agit. L’aire de jeux est un prétexte, une étape vers le Bizardin (pas assez exploitée?). Le jardin est attendu sur des questions naturalistes et environnementales mais aussi sur de l’animation locale et du lien social. Il y a un a priori positif sur l’idée d’un jardin partagé et un ressenti plus que positif sur la qualité d’accueil. Le lieu séduit les familles avec enfants pour son côté sécurisant. Le site internet n’est pas connu.

BOVTO – Questionnaire Voisins – Réponses

– / – / –

Les conclusions de la journée du 5 février :

La journée du 5 février, le matin avec René Penet, l’après-midi avec les partenaires a été riche en échange et a permis à chacun de faire le point sur son engagement au sein du groupe et d’être rassuré sur la pertinence du projet et sur la légitimité d’une passion pour ce jardin.

17 participants à cette journée et 8 partenaires ont dégagé ensemble au cours des différents échanges quelques pistes de travail.

Remercions ici les membres du collectif « Poubelles en Nord » qui ont assuré l’intendance de cette journée avec des denrées sauvées de l apoubelle sur les marchés du secteur.

– / – / –

Points d’appui ou de progression :

  • le jardin est magnifique, installé, la biodiversité est importante
  • le groupe vit bien et les participants au projet aiment se retrouver
  • il faudrait ouvrir le jardin plus souvent spontanément et inventer un rendez-vous bien identifié et régulier pour créer de la permanence
  • une réflexion pédagogique et la création d’outils sont à mener pour une transmission plus efficace, certainement autour de chantiers et d’échanges de savoirs (faire)
  • la visibilité et la valorisation du projet, la communication du jardin sont à travailler
  • la participation à la vie du quartier et des réseaux locaux, naturalistes particulièrement
  • la  qualité de l’accueil (fréquence des ouvertures) et le confort au jardin peuvent être encore améliorés,
  • le jardin a un potentiel pour accueillir des manifestations et des groupes

BOVTO – Synthèse des échnages de la journée du 5 février

Le groupe travaille depuis 2017 sur ces conclusions, à son rythme.


L’après – BOVTO :

Le BOVTO a eu le mérite de remettre du sens s’il en était besoin, de relancer la créativité du groupe et son envie d’action commune cohérente. Beaucoup de choses ont été repensées dès 2017 et des choses nouvelles sont apparues depuis. Il a permis une nouvelle dynamique de projet, d’ouverture tous azimuts, de mise en cohérence des pratiques, de communication.

Plusieurs catalyseurs fédérateurs ont boosté le projet du jardin dans ces dernières années. Voyez l’histoire du jardin pour plus de détails, mais principalement : l’anniversaire des 20 ans des AJOnc, les marches pour le climat, un climat politique local porteur, l’anniversaire des 15 ans du Bizardin, la mobilisation du collectif « Fête de la Plaine ».

Le projet du Bizardin, informel donc, pourrait se décliner ainsi.

Le Bizardin est pleinement un jardin des Amis des Jardins Ouverts et néanmoins clôturés pour permettre :

  • une vie en réseau avec d’autres jardins
  • l’accès à une structure-ressource polyvalente proche : conseil, accompagnement, matériel, soutien financier et technique, relais de communication, un support administratif
  • la participation au festival des JOnc – festival des gens et à l’criture d’articles pour l’Echo des Brouettes

Le Bizardin est un jardin « partagé », il permet :

  • l’ouverture à tous d’un groupe d’habitants-jardiniers solidaires et par là-même la possibilité de participer à un projet collectif et écocitoyen en fonction de ses envies, ses aspirations, ses talents et sa disponibilité.
  • l’ouverture à tous d’un jardin accueillant, intéressant et installé avec des univers divers et des possibilités variées, pour chacun, pour les familles, les groupes et les partenaires.
  • la participation volontaire de tous à une concertation régulière, à l’échange d’informations sur la vie du groupe, à la gestion à la vie du jardin et aux chantiers collectifs du moment ou à venir, à un engagement personnel volontaire propre
  • l’accès à des temps festifs ou thématiques, comme participants ou comme organisateurs (ex : la chasse aux oeufs – voir l’agenda)
  • le partage et la convivialité entre membres, avec les visiteurs et le voisinage, la valorisation des initiatives et des apports de chacun, petits et grands
  • des moments conviviaux informels et spontanés (promenades, pique-niques, goûters, détente…) à l’initiative des uns ou des autres

Le Bizardin est un jardin naturel, il cherche :

  • la découverte, l’installation et le respect et  de la biodiversité en ville (faune et flore)
  • la promotion et le partage de pratiques de jardinage au naturel et la mutualisation des outils
  • l’accès à une zone potagère pour l’expérimentation, la production de comestibles et le partage des récoltes sous forme d’ateliers cuisine collectifs ou de recettes à faire à la maison.
  • la rédustion des déchets, de la pollution et de la consommation avec un point compost ouvert sur le quartier, des récupérateurs d’eau de pluie, des écoconstructions, l’utilisation de matériaux récupérés
  • l’organisation de chantier nature réguliers et participatifs au fil des saisons, basé sur un planning des tâches, sur les besoins du moment et sur les apports des jardiniers

La jardin est jardin pédagogique, il a le plaisir de proposer :

  • l’accueil d’enfants, de familles, de groupes pour des visites guidées, des ateliers en tout genre, des rencontres thématiques.
  • un apprentissage par l’expérimentation, l’observation et la découverte concrête du vivant.
  • le plaisir du calme, des sens, des matières naturelles (bois, terre,…), l’émerveillement et la protection de la nature.
  • la diffusion de la connaissance des espèces et essences par des échanges, de l’observation, des ouvrages, des jeux.
  • l’accès à la création artistique, plastiques ou spectacles vivants, poétiques ou relaxantes, avec l’aide de partenaires et la complicité d’amis ou prenant appui sur les compétences du groupe.


Aujourd’hui au Bizardin :

Sur le feu, mijotant à feu doux, il y a 4 projets spécifiques, la tour à hirondelles, la forêt-jardin, le jardin créatif et les inventaires (voirpage d’accueil du site).

Rappelons quand même que le projet du jardin c’est avant tout la vie au jardin. 2020 à cet égard, avec la parenthèse du confinement, s’annonce une année très spéciale…

La vie du jardin est regardée tous les ans par le groupe lors d’une « AG de jardin » ou lors de concertations d’hiver. Que dira-t-on de 2020 ?

Bizardin – Bilan 2018

Bizardin – Eléments de bilan pour 2019